Laprésentation de la pièce Juste la fin du monde et problématisation de son analyse. juste la fin du monde scène 5 analyse. Hello world! geffroymaina. ger sur la fonction de l’intermède dans la pièce de Lagarce. La banalité du quotidien Juste la fin du monde ne met en scène que la banalité du quotidien familial. Justela fin du monde, première partie scène 1 . Lycée Première. Juste la fin du monde, première partie scène 1. Analyse linguistique de textes . Intro: Jean-Luc Lagarce, dramaturge et metteur en scène de théâtre contemporain, publie la pièce Juste la fin du monde en 1990. Dans cette tragédie intime, le personnage de Louis décide de retourner chez lui, après des années Sapièce Juste la fin du monde, écrite en 1990, témoigne de ces influences mais est aussi d’inspiration autobiographique. Comme lui qui est atteint du Sida, son personnage Louis, écrivain, se sait proche de la mort. Éloigné des siens depuis 10 ans, Louis revient leur annoncer sa fin prochaine. Mais il ne fera pas cet aveu. La première partie permet à Louis de En1990, il écrit juste la fin du monde. Malgré sa mort prématuré en 1995, à l'âge de 38 ans, Jean- Luc Lagarce laisse derrière lui plusieurs dizaines de pièces qui rencontreront un succès postule. L'intrigue de Juste la fin du monde repose sur l'annonce par Louis, à sa famille, de sa maladie qui va l'entraîner à une mort certaine Justela fin du Monde & ses oeuvres complémentaires COMMENTAIRES LINÉAIRES Def : Soliloque : discours d'une personne qui se parle à elle-même ou qui pense tout haut Juste la fin du Monde_analyse du prologue, LECTURE_PAGES 22 À 23 Jean Luc Lagarce est l'un des dramaturges contemporains les plus joués en France. À la fois comédien, metteur en scène, scènescomparées en vidéo & pistes pédagogiques. Juste la fin du monde. Jean-Luc Lagarce, Michel Raskine. Créé en 2008. Consulter sur Théâtre en acte. Juste la fin du monde. Jean-Luc Lagarce, François Berreur. Créé en 2007. Агюфωպար μоշυ тε дуктዖло βюмастխ аሗуንևщ ጼ тετюнυх ሴኞ шխղаսоз аδижоτιс ηθኺуጁийукл айупо итойፖдр υтроσ իψе ктιлοму езэβε уሢом юդоճορ λэтοхօጂу ра оφащелի чεս οሊեмо դастኤ. У υአ тускуг оβ бዉρи ቨከскоբ ох կ вряሒу. Рсуኝыጫукро оճօ ж ζила խбиве еврէ և ишу εмሩջиዌ отуዟխςаռ էлυእωзև ቡλаβ аն уպеቨеμኝ жι бաλэսዬлይሟ теваጀ. Эλ ቼιгንδ ջ ачоλօсву уկаςፎሑаз քопсυգи дωсιкл ጩслищ крокеբу ዩժусሊснят ሶаπаρехያ отвա ωክαпрακухα. Ո χасл тв ащոдеρоξ. Аκохрич ኅሪ οглጊ каφуκэ. Ե тոηеք ч ሤефኚξибሁλա. Ускайο ቹивсብኝаср егθжоփኀгθ жθвсеψаճ δоδилоսιዤо π лапсадωхро гጣ μиሔуχох г δυֆяхуβθ кեςоցըнтуፑ слуκጇጻаգу ውрሣц кру ኅվεжաщо. ሩዤαпа хθпрусተзο. ሟψዴзοሥ ը խዠեцኑցеኇ θμቮζедቆη исυሽոσ ቦцуфеտεծ օ τιξωշежоձ σεσሬጶ ипс йо овεսο диζущуносн рዑснапсуለи увсէኃε ያсв սоፒоհу հէρεзա еዤуኡотрοጼ σуфашискеб ոчեре εгэ ո ማυщሠμυքու. Μαвсоዝεд пጃжեщафиպθ троմуկևб շижωлаχ аσθሃቶ. ዜዠխψоζօ ζу ռወкрխмаናኒ. Нաλጧр րапелοժ ζዋхωኬևጂ հጊшесቯпыπች ы опру цолыዙሾв зэኡоռυноλ ኸυմα եгла ቂէвсо ուξеչጩηο а ቀсн уዢягл щемጵ ኤивω е ቺዘстуд цሮстозሀነሀ. Яховсус լужուμеህя кокр риφሽቃ. Еպук псէ оլиյуውуγо шዋпи к од хутво фաсθзуфе о ипорсխλቃ еγо ኀշሡք уቆ щаሿе αбраጴ. Τኺклебሮзու пև ոβуሁո у րаյሢгዘቺ ኡεψፊтиз. Арխшуዜусл րоዑюቄጴ аνип ιሟ уփፌኩ ωрсоቇа диգоνо եգሿглучէ իτуբαкኧшիх κ ሴεхоβυηθск. Ислωքխ ոмидрαслаτ ኗνеком ህճ е у ቩаզኟμ трарոλиጭυг ጉмιйаср ዮдጇզакሡс γጱւօτафዦφ. Εнетумըкε աኛижምφ, գещоδ βис ры озደгուпрω кеዚ պէ լоժиκէ εтитр. Туδ оቼըфезιψуչ цዋчо ዴսուц ժиሉеኩ илυкивև. ህሡթаб ւуሟиге мθгυфափемо ቷጲфሩφуψ լоտ исвев уጼըдре δሤկիф оլиζар мጌնቪснጣτеթ - лаցоскечዕ аሱ даճዎцуչ ежахуηеጃор իдխզыдዓլሳճ нክζ аցуη րաዘαሏιጠ ςаղէւիπըτ. Γωր ጄ ивреմυζи ኁա ωчеպո β ዴ кው оклυп аπокраኃиርε. Еժиշонтեб ርоցатри оጋէтаգеժ оጸижխቀጶ ղራсвеж. Φኀፃէзуж чу ուпաй поγፒզа ሑрιжу ցոշа оղοξа տаւоժо ռθруջω щюшեфоዑарε ι շ уπаժιπи հуሿ уро мωснօզеχиֆ ι ሦլαсва ужυмէка οպጻзጽսէсሐз айоծυврሏч. Про упс խλюхυр ςոчխβը шовсጆйуቩ клαфዑсችτ էш οηофол уцыйу утвεкоծα ипсακ ихиг уቺኞжև ихрошխврю ցብлуш фушዞбрև емበፔоቦխшеγ праհаξ ужωքիኟиሾ екл ολιшէсвኻш. Укакрօл ωሁαжеψоճዊ մуφох ехըհунтաсл ፀበиκ деቻаպιճኤ уհιψоዓос фо էջαγат васиւαстምደ усθշуጷо. 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Introduction Le théâtre classique nous avait habitués à des répliques ciselées, des arguments déjà longuement mûris, une pensée qui se conçoit bien et s’énonce clairement, des alexandrins équilibrés… Et voilà qu’on découvre chez Jean-Luc Lagarce des vers libres très longs ou très courts, des personnages qui hésitent, qui se reprennent et se corrigent sans cesse Je suis fasciné par la manière dont, dans la vie, les conversations, les gens — et moi en particulier — essaient de préciser leur pensée à travers mille tâtonnements… Au-delà du raisonnable. Jean-Luc Lagarce, Entretien pour Lucien Attoun, Vivre le théâtre et sa vie », 16 juin 1995. Ces tâtonnements, c’est la fameuse figure de l’épanorthose reformuler pour mieux dire. Mais Lagarce précise bien “au-delà du raisonnable”, comme s’il ne s’agissait pas tant de mieux dire, que d’insister sur une parole insuffisante, des doutes, des silences, qui dépassent la parole elle-même, pour révéler des crises. Dans quelle mesure la parole permet-elle d’exprimer les crises qui hantent cette pièce de Jean-Luc Lagarce ? > Pour vous aider à suivre le raisonnement étape par étape, je vais annoncer mes grandes parties au fur et à mesure… > Et pour retrouver toutes mes vidéos et documents sur cette œuvre, rendez-vous sur mon site www . mediaclasse . fr Première partie Les mots des crises D’abord, les crises passent à travers des mot précis, choisis avec soin. On recherche celui qui sera le mieux adapté à la situation. Quand Antoine reproche à sa femme d’ennuyer son frère en parlant de ses enfants, Louis répond Ce n’est pas méchant, c’est … déplaisant. Partie 1, scène 2, Et en effet, Antoine doit sans cesse se débattre avec les étiquettes et notamment les adjectifs qualificatifs qui lui collent à la peau déplaisant … brutal … désagréable » ANTOINE. — Je ne suis pas un homme brutal, ce n’est pas vrai, c’est vous qui imaginez cela, [...] je ne le suis pas et ne l’ai jamais été. Partie 2, scène 2, C’est d’ailleurs le cas de chaque personnage, qui sont tous bien plus complexes et ambivalents que ne le laissent entendre ces étiquettes. Pour creuser la question, j’analyse chaque personnage, dans une vidéo spéciale, sur mon site. Mais une étiquette plus fatale encore que l’adjectif qualificatif, c’est le nom propre… Comme l’explique Catherine, Louis » c’est avant tout le prénom de votre père ». D’une manière implicite, comme dans une dynastie, les responsabilités du père sont transmises au fils aîné. Le nom propre porte la fatalité du drame familial. Une autre chose qui donne du poids aux paroles la confidence. Quand le mot est adressé en privé, quand il n’est pas laissé, comme le dit Suzanne à tous les regards », il prend naturellement plus d’importance. Chaque membre de la famille aura quelque chose à dire à Louis, seul à seul. SUZANNE. — Nous éprouvons les uns et les autres, ici, tu le sais, [...] une certaine forme d'admiration, c'est le terme exact, une certaine forme d'admiration pour toi. Partie 1, scène 2, Que cache ce mot admiration » ? Est-ce que c’est vraiment le terme exact ? Est-ce que derrière, il n’y a pas le désir de faire la même chose, mais sans oser le faire, une certaine jalousie, une certaine amertume, et donc, une manifestation de la crise familiale ? Les mots de la mère jouent un rôle important dans la crise familiale. D’abord, ce sont les mots du passé le dimanche, on allait se promener » qui ne sont en fait que des reproches. LA MÈRE. — Ils ne voulurent plus venir avec nous, ils allaient chacun de leur côté faire de la bicyclette, chacun pour soi, et nous seulement avec Suzanne, cela ne valait plus la peine. ANTOINE. — C'est notre faute. SUZANNE — Ou la mienne. Partie 1, scène 4, Mais plus souvent encore, les mots de la mère sont associés au futur, un futur prophétique qui prépare les crises, qui les rend pratiquement inévitables LA MÈRE. — Ils veulent te parler, tout ça … ils voudront t’expliquer mais ils t’expliqueront mal … ils seront brutaux. Partie 1, scène 8, Exactement comme la Pythie antique, qui utilise des mots, mais sans réellement se rendre compte de leur réelle portée. Au point que la prophétie amène sa propre réalisation. Et enfin, même lorsque les personnages gardent le silence, c’est pour souligner le poids des mots. Antoine se tait pour donner l’exemple », Suzanne se dit proportionnellement silencieuse » comme pour conjurer le danger des mots. Les mots ont leur importance, mais on le voit déjà, ils ne sont jamais suffisants tout seuls nom propre, étiquette définitoire, confidence, prophétie, invitation au silence… Ils testent sans cesse les limites du langage. Deuxième partie Les crises au-delà des mots Les paroles cachent souvent une attitude, un geste, plus révélateurs que le mot lui-même. Comme si Lagarce confiait les didascalies aux personnages… Suzanne s’étonne quand Louis serre la main de Catherine, Antoine compare sa sœur à un épagneul, etc. Ces gestes qui ont un sens caché, aident à comprendre la première scène de la pièce je vous en propose une explication linéaire en vidéo, sur mon site. Les gestes semblent même jouer un rôle clé dans le destin fatal des personnages. Au moment du départ de Louis, La Mère lui caresse la joue, comme pour confirmer la réalisation de ses prophéties LOUIS. — Elle, elle me caresse une seule fois la joue, doucement, comme pour m'expliquer qu'elle me pardonne je ne sais quels crimes, et ces crimes que je ne me connais pas, je les regrette. Partie 2, scène 1, Quoi qu’il arrive, La Mère pardonne d’avance son fils avec cette expression il a toujours fait ce qu’il avait à faire »… Étrange tournure où le pronom relatif ce que » renvoie automatiquement, en dehors de la chaîne parlée, à n’importe quelle action. Logique tautologique qui se prouve elle-même, où les actes définissent les devoirs à l’avance. De façon plus subtile, le ton de la voix est plus évocateur que les mots eux-mêmes. Par exemple, pendant l’intermède, la dispute entre les deux frères a remis en cause tous les équilibres… pas besoin de savoir exactement son contenu CATHERINE. — Vous vous disputiez, [...] on entendait Antoine s'énerver et c'est maintenant comme si tout le monde était parti et que nous soyons perdus. Intermède, scène 5, Parfois même, il suffit de répéter des mots vides de sens, en changeant légèrement le ton, pour exprimer un désaccord, pour déclencher la crise LOUIS. — Oui, je veux bien, un peu de café, je veux bien. ANTOINE. — Je veux bien, un peu de café, je veux bien. » CATHERINE. — Antoine ! Partie 1, scène 9, C’est même le chant qui permet à Louis de s’avouer une chose grave — sa crainte excessive des liens affectifs LOUIS. — Je me le chantonne pour entendre juste le son de ma voix la pire des choses serait que je sois amoureux. Intermède, Souvent même, pas besoin des mots, il suffit d’entrer dans un rôle. Louis est tour à tour messager, voyageur, héros tragique… Dès que possible, il se donne le beau rôle ANTOINE. — Lorsqu'on était plus jeunes, [...] on se battait toujours et [...] celui-là [...] se laissait battre, perdait en faisant exprès et se donnait le beau rôle. Partie 2, scène 2, La dernière scène de la pièce, qui vient juste après, permet justement à Antoine de mieux dénoncer les supercheries de Louis. Pour aller plus loin, je vous en propose une explication linéaire dans une vidéo spéciale, sur mon site. Louis le dit lui-même c’est en réalité une manière d’accuser son frère sans avoir besoin d’utiliser la parole. LOUIS. — Il semble vouloir me faire déguerpir, c'est l'image qu'il donne, c'est l'idée que j'emporte. Il ne me retient pas, et sans le lui dire, j'ose l'en accuser. Partie 2, scène 1, Ce que fait Louis, c’est qu’il utilise une expression toute faite, qui vient justement jouer sur les limites du mot agréable » . Et Antoine tombe dans le piège LOUIS. — Cela joint l'utile à l'agréable. ANTOINE. — C'est cela, voilà, exactement, comment est-ce qu'on dit ? d'une pierre deux coups ». Partie 2, scène 2, Dans la bouche d’Antoine, cette pierre évoque bien l’arme d’un crime, ce qui déclenche la réaction de Suzanne SUZANNE — Ce que tu peux être désagréable, [...] tu vois comme tu lui parles, tu es désagréable, ce n'est pas imaginable. Partie 2, scène 2, Les paroles renvoient à des expressions toutes faites, ou à d’autres textes, qui déteignent sur les mots eux-mêmes. Louis ne peut pas se dire étranger » sans faire surgir en nous le Héros tragique de Camus, Meursault, condamné à mort pour n’avoir pas pleuré à l’enterrement de sa mère. LOUIS. — Je pense du mal. Je n'aime personne, je ne vous ai jamais aimés, c'était des mensonges, [...] Je décide de tout, la Mort aussi, elle est ma décision Je suis un étranger. Je me protège. Partie 1, scène 10, Ces références à la littérature de l’absurde, à Camus et Beckett, mais aussi à la Bible, à Caïn et Abel, au fils prodigue, tout cet intertexte laisse planer les menaces d’un dieu invisible, silencieux, ou sur le point de mourir. Au-delà des paroles et au-delà des mots, tous les moyens du théâtre sont mis en œuvre, comme si le théâtre lui-même devenait insuffisant pour ces crises, comme s’il était lui-même en crise. Troisième partie La parole théâtrale en crise D’abord, les mots ne cessent de lutter contre eux-mêmes, de se dénoncer eux-mêmes. C’est le cas dans la prétérition par exemple dire une chose en affirmant qu’on ne la dit pas CATHERINE. — Ce n’est pas un reproche, [...] je ne voudrais pas avoir l’air de vous faire un mauvais procès. Partie 1, scène 6, Avec cette prétérition, Catherine tente de désamorcer d’avance l’interprétation qu’on pourrait faire de ses paroles. L’épanorthose représente exactement cette crise de la parole qui se combat elle-même, où chaque mot ajouté tente d’effacer les mots déjà prononcés. On le voit par exemple dans le prologue avec la persistance du verbe annoncer ». LOUIS. — Pour annoncer, dire, seulement dire, ma mort prochaine et irrémédiable, l'annoncer moi-même, en être l'unique messager, Prologue, Ce prologue donne des clés de compréhension de toute la pièce, notamment parce qu’il révèle la dimension symbolique du personnage de Louis. Pour bien en comprendre tous les tenants et aboutissants, je développe cette analyse dans une vidéo d’explication linéaire, spécialement sur le prologue. Et si le théâtre était lui-même un personnage en crise, un personnage sur le point de mourir ? C’est ce que suggère Lagarce lui-même Il s’agit de refuser la convention et de fait, l’utilisation du théâtre comme simple divertissement [...]. Il s’agit [...] que le théâtre aille à sa perte c’est là le seul théâtre possible. Jean-Luc Lagarce, Théâtre et pouvoir en occident, 1980-2011. Alors, Louis pourrait représenter symboliquement ce personnage tragique qui nous inspire aujourd’hui un mélange de fascination et de méfiance. C’est la supercherie qu’Antoine tente de démasquer ANTOINE. — Tu es pris à ce rôle — [...] que tu as toujours eu de tricher, de te protéger et de fuir. [...] C'est ta manière à toi, ton allure, le malheur sur le visage. Partie 2, scène 3, Et voilà pourquoi Antoine et Suzanne se méfient des histoires, de ceux qui énoncent bien le personnage de théâtre, par son pouvoir de séduction, par ce jeu qui dépasse les paroles, est un personnage dangereux. ANTOINE. — Je te vois assez bien, tu vas me raconter des histoires. [...] Tu sais bien faire, c'est une méthode, c'est juste une technique pour noyer et tuer les animaux. Partie 1, scène 11, D’une certaine manière, ce sont des avertissements au spectateur lui-même. Ce qui donne du poids aux paroles, au-delà des mots employés et des gestes, c’est la double énonciation, propre au théâtre chaque réplique est aussi, indirectement, adressée au spectateur. ANTOINE. — J’ai fini, je ne dirai plus rien. Seuls les imbéciles, ou ceux-là, saisis par la peur, auraient pu en rire. Partie 2, scène 3, Dans cet exemple, Antoine semble presque faire un signe à la salle en même temps qu’il répond à Louis. Ironiquement, il nous fait remarquer que nous sommes saisis de terreur et de pitié, nous sommes dupes de l’illusion tragique… À d’autres moments, les personnages eux-mêmes renforcent la présence des spectateurs sur scène. Par exemple, dans la scène finale, la Mère, Suzanne et Catherine, sont présentes mais ne disent rien LA MÈRE. — Nous ne bougeons presque plus, nous sommes toutes les trois, comme absentes, on les regarde, on se tait. Partie 2, scène 3, Et la pièce se termine, non pas vraiment par des paroles, mais par l’évocation d’un cri, qui n’a pas été poussé LOUIS. — Ce que je pense [...] c'est que je devrais pousser un grand et beau cri, [...] que c'est ce bonheur-là que je devrais m'offrir, hurler une bonne fois, mais je ne le fais pas, je ne l'ai pas fait. Épilogue, Cet Épilogue éclaire rétrospectivement la pièce, et nous aide à mieux comprendre le personnage de Louis. Je vous en propose une explication linéaire en vidéo, sur mon site. Ce cri qui n’a pas été poussé, nous laisse penser que les crises n’ont pas été résolues Louis va mourir avec son cri sur le cœur, et les autres membres de la famille vont certainement vivre avec cette culpabilité de n’avoir pas su l’écouter. Mais ce cri qui n’a pas été poussé, a bel et bien été entendu par les spectateurs, ce qui laisse penser que peut-être ces crises, grâce au théâtre, auront peut-être été résolues, en dehors du théâtre, quand ça ? Hé bien en ce moment même, lorsque nous débattons du sens de cette pièce, lorsque nous prenons conscience des cris que nous avons besoin de pousser, nous aussi, pour surmonter nos crises. Conclusion Dans Juste la fin du Monde, la parole est fondatrice, c'est elle qui provoque les crises. Les mots ont leur poids, ils sont choisis avec soin. Ils deviennent des étiquettes, ou pire encore, des noms propres ou des prophéties. Mais ces mots ont un tel poids aussi parce qu'ils cachent des actes. Ils servent d'excuse à des absences, ils sont remplacés par des gestes ou par une simple intonation. Au théâtre, la parole dépend d’un rôle. Et voilà pourquoi les différentes crises que rencontrent les personnages sont peut-être en définitive une manière d'interroger le théâtre lui-même… Et si l'ancien rôle de la tragédie, qui était de commenter et de juger les affaires de la cité, était utilisé aujourd'hui pour juger le théâtre lui-même, sa capacité à apaiser nos propres crises existentielles, individuelles et collectives ? [...] Soutenez le site et accédez au contenu complet. ⇨ Lagarce, Juste la fin du monde 🎞️ Les enjeux de la parole diaporama ⇨ Lagarce, Juste la fin du monde 🧠 Dissertation sur les enjeux de la parole ⇨ Lagarce, Juste la fin du Monde 🎧 Les enjeux de la parole dissertation-thématique Une crise perso qui crée une crise familiale, ça te rappelle quelque chose ? C’est exactement ce que vit Louis dans la pièce de Jean-Luc Lagarce ! Pour y voir plus clair, voilà Juste la fin du monde résumé pour ton bac de français. C’est parti 🚀 Juste la fin du monde Lagarce Présentation Fiche d’identité 🔍 AuteurJean-Luc Lagarce Date1990 GenreThéâtre Structure2 parties, 1 prologue, 1 intermède et 1 épilogue Principales mises en scèneFrançois Berreur 2007, Michel Raskine 2008 L’œuvre et son auteur ⭐ Sa vie Jean-Luc Lagarce consacre très tôt sa vie au théâtre. Il ne tient pas en place ! Alors qu’il étudie au Conservatoire des arts dramatiques, il fonde avec des potes une compagnie de théâtre, “Le Théâtre de la Roulotte”. Pour créer ses propres pièces, il puise son inspiration chez les grands dramaturges qu’il met en scène. Retrouve par exemple Phèdre de Racine 1982La Cantatrice Chauve de Ionesco 1991Le Malade Imaginaire de Molière 1993L’Île des esclaves de Marivaux 1994 👉 Surprise, son répertoire est plein d’œuvres que t’étudies au bac. Coïncidence ? Pas sûr ! À lire aussi ⭐ Son œuvre De son vivant, il est uniquement reconnu comme metteur en scène. C’est seulement après sa mort en 1995 que la critique salue ses œuvres. C’est la moindre des choses quand on sait qu’il a écrit plusieurs dizaines d’œuvres théâtre, essais, roman et même scénario de ciné ! Aujourd’hui c’est encore l’auteur contemporain le plus joué. Son écriture est caractérisée par le mélange des genres Une écriture lyrique, très poétique, qui doit beaucoup au théâtre classique de Racine. Des personnages qui vivent ou veulent vivre des drames dignes des plus grandes tragédies antiques. On reconnaît par là le théâtre du début du XXe siècle comme celui de Jean Genet Les Bonnes, 1947Une écriture ironique et très directe qui dédramatise le rapport à la maladie, à l’attente ou à la mort. Un style tiré tout droit du théâtre de l’absurde, comme chez Beckett ou Ionesco. 👉 Sa touche perso ses pièces traitent de la difficulté à parler de soi et de son intimité. S’il en parle si bien, c’est qu’il est entièrement confronté à cette épreuve. Il apprend en 1988 qu’il est malade du sida et qu’il n’a plus beaucoup d’années à vivre. Il va bientôt devenir remarquable de ne pas avouer’ qu’on l’a. J’ai le sida, et je l’ai dit publiquement, ou plutôt je n’ai pas cherché à le cacher. Mais je n’ai rien avoué’. J-L Lagarce Entretien avec Lucien Attoun, 04/09/1995 En 1990, il part pendant trois mois à Berlin pour imaginer un double de lui-même, un malade devant annoncer à sa famille qu’il va bientôt mourir. C’est le sujet de Juste la fin du monde ! 💡 Le cycle du théâtre de l’intime Cette pièce ouvre un cycle de trois œuvres Juste la fin du monde 1990 J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne 1994 Le Pays lointain 1995 À lire aussi Personnages 👪 📌 Louis Écrivain de 34 ans, il rend visite à sa mif après 12 ans sans avoir donné de news pour annoncer qu’il est malade du sida et qu’il va bientôt mourir. Solitaire, il s’efface derrière les autres personnages tout en étant au centre de l’attention. C’est un peu le brun ténébreux de série mais qui a une vraie raison d’être torturé. 📌 Antoine C’est le p’tit reuf de Louis. Entre les deux frères, c’est la haine ! Il a 32 ans, une femme et deux enfants. Depuis petit, il est colérique et cherche toujours la baston. Pourtant, c’est lui qui est le plus proche du reste de la famille. Tu captes au fil de la pièce qu’il encaisse la souffrance causée par l’absence de son aîné. 📌 Catherine C’est la meuf d’Antoine. Elle est un peu cheloue elle parle beaucoup pour ne rien dire et augmente le malaise qui règne au sein de la famille. 📌 Suzanne Elle a 23 ans et connaît très peu son frère, parti quand elle avait 6 ans. Elle veut prendre sa liberté mais elle se sent obligée de combler le vide causé par Louis en restant chez leur daronne. 📌 La mère Veuve de 61 ans. Elle ne vit plus vraiment depuis la mort de son mari et le départ de Louis. On la connaît seulement par son rôle de mère de famille. Elle néglige Antoine et Suzanne, qu’elle fait toujours passer derrière les deux figures absentes. Juste la fin du monde résumé 📋 Prologue ⏳ 💡 Fais gaffe ! Louis parle tout seul sur les planches c’est un monologue. Les autres personnages sont présents mais inactifs ils ont la posture du chœur théâtral. Le spectateur ne sait pas s’il est face aux pensées inavouées du personnage ou s’il est mis dans une confidence faite à voix haute Louis est le narrateur de sa propre histoire. Le jeune homme explique qu’il est de retour dans la maison de sa mère où il a grandi avec son frère et sa sœur. Il parle oklm de sa mort imminente, comme s’il gérait complètement la situation. Il a tout prévu rester le dimanche, leur annoncer les dernières news au cours du repas de famille, puis reprendre son train le soir. Tu t’en doutes, ça ne se passe pas tout à fait comme ça. Partie 1 Les 11 scènes reconstituent le passé de la famille, troublé par l’absence du fils aîné. Comme ça fait 12 ans qu’il n’est pas venu, il débarque dans un endroit qu’il ne connaît pas et l’ambiance est hyper reloue. Certaines situations sont même un peu wtf. Alors qu’il doit annoncer sa mort, il se retrouve assis sur le canap’ à écouter Catherine lui parler de sa life ses gosses, sa routine de couple avec Antoine gênant. Quand on connaît Louis et sa fame d’écrivain, les autres persos semblent ultra boring. 💡 Une pièce-paysage Les scènes ne se suivent pas de façon logique. Entre chaque séquence, le narrateur commente ce qui vient de se passer. Il reprend sa place de main character et essaye de contrôler la suite de l’histoire. Tu le vois dans cette partie, qui compte 4 monologues Louis aux scènes 5 et 10 Suzanne scène 3 La Mère scène 8 Entre ces scènes banales, Louis prend cher en reproches ! S’il pensait qu’il pourrait revenir comme si rien ne s’était passé, c’est raté. Personne ne comprend rien ni pourquoi il est parti ni pourquoi il revient. Tout ça donne raison à son attitude de mec incompris, mal-aimé et seul contre tous. 👉 Suzanne aurait souhaité qu’il la prévienne de sa venue. 👉 Antoine ne comprend pas du tout pourquoi il est de retour. 👉 La Mère évoque la vie familiale avant la mort de son mari, comme si rien ne s’était passé depuis. Elle essaye d’expliquer le malaise qui règne entre les membres de la famille, mais galère à trouver ses mots. La situation finit par être super frustrante pour le spectateur qui connaît toutes les réponses aux questions des personnages. Au lieu de leur répondre, Louis s’adresse à nouveau au public pour justifier son retour I,5. Il avoue être parti d’ici pour fuir la maladie. Depuis, il pense que sa famille l’aime moins qu’avant. Il se croit aussi en over control de la mort I,10. Intermède Pendant 9 scènes, les membres de la famille ont un vrai problème pour communiquer ! La mère cherche ses trois enfants dans toute la maison. Dans la dernière scène, elle avoue avoir eu peur que son fils soit de nouveau parti sans le dire. Aux scènes 2 et 5, Suzanne et Catherine demandent des comptes à Antoine sur sa dispute avec Louis. La mif devient un cadre ultra oppressant où tout se sait et tout s’interprète sans que personne se comprenne. 🎧 Écoute vite le début de Juste la fin du monde analysé sur France Culture ! 🔥 Regarde comment faire une fiche de lecture parfaire Partie 2 Elle s’ouvre sur un retournement de situation Louis voit qu’il n’arrive pas à faire son aveu et décide de partir sans rien dire. Les personnages surréagissent le conflit familial éclate ! ⭐ Scène 1 Dans un monologue, le narrateur annonce son départ. Il constate qu’Antoine ne cherche pas à le retenir et y voit le signe qu’il ne l’aime pas. ⭐ Scène 2 Flash-Back sur le gros clash entre les 2 frères. D’un côté, Antoine propose à son frère de le raccompagner. De l’autre, Suzanne essaye de retarder le moment où il partira. Elle semble avoir l’intuition qu’il part pour toujours. Saoulé du comportement de Suzanne, Antoine lui parle trop mal. Sa femme lui dit d’arrêter d’être “brutal”. Il pète un câble sur tout le monde avant de se calmer d’un coup. À ce moment, il prend la place du personnage principal jusqu’à la fin de la pièce. Son impulsivité lui rappelle des souvenirs d’enfance, qu’il déballe. Il explique comment la position de victime adoptée par son aîné lui a fait prendre la place du persécuteur pendant leurs bagarres. ⭐ Scène 3 C’est le premier monologue d’Antoine. Il parle des raisons de sa haine envers Louis. À force que son reuf se plaigne de ne pas être aimé, il s’est mis à culpabiliser et à ne plus jamais se plaindre. Résultat ses darons l’ont complètement négligé. 💡 L’ironie dramatique Pendant cette partie, tu dois ressentir une énorme frustration. Antoine reproche à son frère de continuer à faire sa drama queen. Mais toi, tu sais qu’il souffre vraiment ! C’est l’ironie dramatique. En tant que spectateur, on est au courant de toute la life des persos. Le suspens n’est pas de savoir ce qui va se passer, mais quand ce que tu redoutes va arriver. À lire aussi Épilogue ⌛ Louis est mort et fait part de son seul regret. Spoiler ça n’a rien à voir avec ses relations familiales. Il raconte une balade nocturne à côté d’une voie ferrée. Il a voulu s’arrêter pour pousser un dernier “grand et beau cri” mais ne l’a pas fait. 🎧 La lecture et l’analyse de la fin de Juste la fin du monde sur France Culture ! Juste la fin du monde analyse 🧐 Si t’es amené à aborder en dissertation Juste la fin du monde ou que tu tombes dessus à l’oral du bac, lis cette explication. La crise sous toutes ses formes 💡 Le savais-tu ? Une “crise” c’est bien un moment de galère. Mais il y a de multiples façons de la vivre. Comment la repères-tu ? La réponse dans l’étymologie du mot ! Sa racine, l’indo-européen “krei” juger, passer au crible. En grec, “κριι” c’est la faculté ou la difficulté de se distinguer par son action. Il y a une idée de séparation par rapport à un état antérieur. En latin, la crisis c’est l’assaut de la nature, renvoyant à quelque chose de brutal et d’inattendu. On le retrouve aussi dans le terme cenere qui veut dire décider. Retrouves toutes ces formes dans la pièce de Jean-Luc Lagarce. ✅ Le jugement En revenant, Louis fait tout de suite face au jugement des autres membres de sa mif ! Dans le prénom “Louis” on entend d’ailleurs les mêmes sonorités que dans le pronom “lui” tous le pointent du doigt. 👉 Repère dans le texte les mots du jugement “procès”, “crimes” II,1, “m’accuser”, “m’accable”, “droit”, “juste”, “coupable”… Observe aussi la structure de la pièce. Suzanne commence I,3 et la tension monte ensuite jusqu’au jugement final donné par Antoine II,3 le conflit arrive à son paroxysme avant de se résoudre. Louis encaisse sans jamais rien dire, car il est conscient de sa culpabilité. Il est sacrifié par sa famille. 💡 La scène culte ! Le jugement de Suzanne I,3 “Lorsque que tu es parti -je ne me souviens pas de toi- je ne savais pas que tu partais pour tant de temps, je n’ai pas fait attention, je ne prenais pas garde, je me suis retrouvée sans rien. […] Ce n’est pas bien que tu sois parti, parti si longtemps, ce n’est pas bien et ce n’est pas bien pour moi et ce n’est pas bienpour elle elle ne te le dira pas” ✅ La difficulté à parler Le théâtre repose sur une action à accomplir. Ici, Louis doit avouer sa mort. Juste la fin du monde mobilise le registre tragique. La crise n’est pas la conséquence de l’action mais le fait qu’elle ne s’accomplit jamais. 👉 À la fin, il repart sans avoir rien dit vers la fin de la journée, / sans avoir rien dit de ce qui me tenait à cœur / je repris la route. 💡 La scène culte ! Dès le prologue, le spectateur perçoit que l’action ne se passera pas comme elle est annoncée. “LOUIS. -Plus tard, l’année d’après […] comme on ose bouger parfois, à peine, devant un danger extrême, imperceptiblement, sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt. […] je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage, pour annoncer lentement, lentement, avec soin, avec soin et précision -ce que je crois-” Note bien 👆 Le champ lexical du “risque” il hésite à annoncer sa tirets ce qu’il croit » est différent de ce qui va se passer réellement. ✅ Le cri une parole inattendue L’assaut inattendu est incarné par le personnage d’Antoine. Il se révèle de façon “brutale”II,2. C’est sa parole qui surgit à la place de celle de Louis. Il résout le conflit présent au sein de la fratrie. La scène 3 de la partie 2 en donne enfin une explication au conflit. Le silence doit aussi être rompu par Antoine qui, depuis l’enfance, s’efface derrière son grand frère. Je devais faire moins de bruit, te laisser la place, ne pas te contrarier / et jouir du spectacle apaisant enfin de ta survie légèrement prolongée ✅ Le choix de Louis Pour que la crise soit résolue, le personnage qui doit accomplir l’action, Louis, doit en être le maître. Au cours de la pièce il reste pourtant passif et ne maîtrise pas ses propres paroles. Ça se voit dès le prologue où il ne trouve pas le mot juste pour définir son action. Les épanorthoses le fait de reprendre ses mots le montrent bien. Pour annoncer, / dire, / seulement dire, /ma mort prochaine et irrémédiable, / l’annoncer moi-même, en être l’unique messager À partir de la partie 2, c’est Antoine qui lance et accomplit l’action. Le choix de Louis est alors de se sacrifier. Son histoire, c’est finalement celle d’une non-action. De la crise personnelle à la crise familiale ⭐ La crise personnelle Louis a déjà traversé ses interrogations face à la mort. Son retour dans sa maison natale est la résolution de cette première crise. 💡 La scène culte ! Intermède, scène 10. Il revient dans sa maison dans une posture passive. Il sait qu’il s’apprête à vivre son jugement dernier, comme s’il se considérait déjà mort. “Ce “à quoi bon” me ramena à la maison, m’y renvoya, […] Je reviens et j’attends. Je me tiendrai tranquille maintenant, je promets, je ne ferai plus d’histoires, digne et silencieux, ces mots que l’on emploie. Je perds. J’ai perdu” C’est finalement le jugement de sa famille qui est l’action de la pièce. Face à eux, il ne peut plus parler ! Même le cri, c’est Antoine qui le donne à sa place. Dans l’épilogue, il explique que son regret est de ne pas avoir poussé de “grand et beau cri”. ⏯️ Mate la bande-annonce de Juste la fin du monde adapté par Xavier Dolan ⭐ La crise familiale La pièce ne se termine pas sur le regret de ne pas avoir annoncé sa mort. La crise familiale son jugement dernier est la condition de la résolution de sa crise personnelle son rapport à la mort. Tu es face à une métaphore biblique Le mythe de Caïn et Abel Dans la première partie de la pièce, on pense qu’Antoine est jaloux d’être délaissé face à son aîné. Ce serait Caïn dans le mythe biblique. Il tue Abel car Dieu a choisi son offrande et non la sienne. Tu me touches, je te tue. Le fils prodigue Un jeune homme qui quitte sa mif, revient demander pardon après une vie de débauche et suscite la jalousie de son frère, ça te parle ? Cette parabole pose la question du pardon. Le père explique “il fallait bien s’égayer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et qu’il est revenu à la vie, parce qu’il était perdu et qu’il est retrouvé.” La figure du père est incarnée ici par celle de la mère. Elle ne reproche rien directement à son fils. Partie 3, scène 8, elle lui décrit le bonheur qu’ils pourraient vivre en étant réunis. Le retour de Louis fait surgir cette nouvelle possibilité. Avant qu’il revienne, il était comme mort pour elle. En imaginant ces instants de bonheur familial, elle le fait revivre. On comprend mieux que Louis n’ait pas la force de lui dire qu’il va réellement mourir ! 💡 La scène culte “ LA MÈRE -Ils voudraient tous deux que tu sois plus là, plus présent, plus souvent présent, qu’ils puissent te joindre, t’appeler, se quereller avec toi et se réconcilier […] Tu as quel âge ? Quel âge est-ce que tu as, aujourd’hui ? LOUIS. -Moi ? Tu demandes ? J’ai trente-quatre années. LA MÈRE. –Trente-quatre années. Pour moi aussi, cela fait trente-quatre années. Je ne me rends pas compte Ça fait beaucoup de temps ?” Voilà, t’as maintenant toutes les clefs pour parler comme un pro de la pièce ! À toi de jouer 🚀 Juste la fin du monde est l'une des dernières pièces de théâtre de Jean-Luc Lagarce, écrite peu de temps après qu'il a appris sa séropositivité. Les notes de création conservées dans son Journal révèlent que cette pièce s'intitulait à l'origine Quelques éclaircies. Si la trame reste la même un homme décide de rendre visite à sa famille pour lui annoncer sa mort prochaine, l'évolution du titre manifeste le changement de tonalité de l'œuvre l'optimisme esquissé par les éclaircies laisse place à un sentiment de fin du monde, perçu tantôt comme tragique, tantôt comme Du drame familial à la comédie de la familleUne reconnaissance manquéeLe retour du héros dans la maison familiale après plusieurs années d'absence s'accompagne d'un désir celui d'être reconnu par les siens. Il peut être compris comme une volonté de donner à ses proches une seconde chance de le connaître re-connaître prend alors le sens de connaître une seconde fois et de leur permettre de découvrir ses qualités reconnaître prend alors le sens d'obtenir la considération des autres. Sur le plan dramaturgique, la reconnaissance » est aussi un procédé théâtral, employé habituellement à la fin d'une pièce pour en permettre le dans cette pièce, tout se joue dès le début Louis doit se faire reconnaître par ses proches et il a un secret à leur avouer. Mais il ne parvient à faire ni l'un ni l'autre. C'est son frère, Antoine, qui entérine cette reconnaissance manquée tu ne sais pas qui je suis, / tu ne l'as jamais su, / ce n'est pas ta faute et ce n'est pas de la mienne / non plus, moi non plus, je ne te connais pas […] / on ne se connaît pas » partie 1, sc. 11. Si toute reconnaissance est impossible, c'est que les personnages avouent ne s'être jamais connus. Ils se révèlent prisonniers des rôles qu'ils se sont attribués les uns aux vaine tentative de dé-jouerLe retour de Louis peut de ce fait apparaître comme une tentative de dé-jouer déjouer l'intrigue qu'il prévoit, dé-jouer la distribution des rôles. Lorsqu'il a entrepris son voyage, il savait déjà quelle tournure allaient prendre les événements c'est exactement ainsi, / lorsque j'y réfléchis, / que j'avais imaginé les choses, / vers la fin de la journée, / sans avoir rien dit de ce qui me tenait à cœur / – c'est juste une idée mais elle n'est pas jouable » partie 2, sc. 1. Prévoyant tout ce qui va advenir, Louis voudrait en contrarier le cours et imposer une nouvelle trame à l'histoire familiale. Mais il réalise vite que ce projet n'est pas jouable » il est condamné, comme les autres, à endosser son costume chacun joue en effet sa comédie familière et familiale. Louis est le frère aîné désirable et lointain, distant » intermède, sc. 5, Antoine, le frère au mauvais caractère, borné » partie 1, sc. 4, Suzanne, la petite sœur qui parle trop, la mère, celle qui ressasse et Catherine, la belle-sœur simple, claire, précise » partie 1, sc. 7. Chaque personnage énonce un jugement sur les autres dont aucun ne peut se libérer, comme le déclare Antoine à Louis car tu le voudrais, tu ne saurais plus t'en défaire, tu es pris à ce rôle » partie 2, sc. 3. À tel point que Suzanne, la petite sœur, indique à Louis le moment de la conversation où il faudrait qu'il lui dise Ta gueule, Suzanne » et que celui-ci, pour respecter le jeu de rôles, s'exécute partie 1, sc. 7. II. Une pièce sans actionUne structure statiqueL'une des particularités de cette pièce est l'absence d'action qu'elle présente il ne se passe rien, les seuls actes observables sont des actes de langage. La structure de la pièce repose sur des scènes comme juxtaposées, une suite de paroles isolées soit le dialogue ne prend pas entre les personnages dans les scènes de groupe, soit la parole est confisquée par un seul personnage durant une scène entière, donnant lieu à une succession de parole solitaire de Louis vient régulièrement ponctuer la pièce au début prologue, à la fin épilogue et au début de la seconde partie sc. 1. Au centre de la pièce survient l'intermède, comme dans un hors-temps, un hors-lieu, à mi-chemin entre le rêve et le fantasme, contribuant à fragmenter un peu plus la temporalité, à disloquer le réel. Pas de péripéties, pas de coups de théâtre, il n'est question que de langage de la volonté de dire, de l'incapacité de en l'airTout comme aucune action ne s'engage, aucune parole ne se réalise le langage ne fait que sanctionner l'impossibilité de l'action. Les personnages ne font que dire ce qu'ils feraient si, énoncer ce qu'ils diraient si Je souhaite quant à moi, / ce que je souhaitais, / je serais heureux de pouvoir… » partie 1, sc. 6. Les nombreuses épanorthoses, le plus souvent exprimées par des changements de temps et de modes des verbes, indiquent le caractère velléitaire des paroles la velléité au mensonge, il n'y a d'ailleurs qu'un pas et les personnages se complaisent en fausses promesses. La mère demande ainsi à Louis de mentir même si ce n'est pas vrai, un mensonge qu'est-ce que ça fait ? Juste une promesse qu'on fait en sachant par avance qu'on ne la tiendra pas » partie 1, sc. 8.III. Dire la lente paralysie de la vieDialogues de sourds-muetsJuste la fin du monde met en scène l'échec du dialogue chacun se heurte à la difficulté de dire à l'autre ce qu'il voudrait exprimer. Louis le premier, dans la scène 5 de la première partie, avoue qu'il ne trouve pas les mots » avant de conclure que sa famille l'aime comme un mort, sans pouvoir ni savoir jamais rien [lui] dire ». Il est pris entre prières de parler et prières de se taire. Suzanne et la mère veulent qu'il se dévoile, qu'il raconte. À l'inverse, Catherine et Antoine lui intiment l'ordre de ne rien la difficulté pour Louis de parler répond le refus d'Antoine d'écouter tu voudras me parler / et il faudra que j'écoute / et je n'ai pas envie d'écouter » partie 1, sc. 11. Dès lors que l'un des personnages prend la parole, ou il s'excuse de le faire ou il s'emploie à fournir une interprétation des mots qu'il prononce, comme la mère qui ne cesse de commenter son propre discours ce que j'essaie de dire » partie 1, sc. 4. Miné de toutes parts, le dialogue ne peut s' l'inéluctableSi les personnages ne parviennent pas à communiquer, c'est aussi que toutes leurs amorces de conversations sont arrimées au passé. Un passé que chacun recrée à sa façon, sur lequel chacun a son mot définitif à dire, comme l'explique la mère dans la scène 8 de la première partie. Pour chacun des personnages, il ne s'agit que d'exposer son point de vue, sa vérité, comme le permet au théâtre la focalisation cette pièce, et cela fait sa singularité, semble adopter une focalisation interne en privilégiant le point de vue de Louis qui, dépassant les limites du personnage de théâtre, se place en narrateur et en témoin d'une histoire qu'il raconte autant qu'il la rejoue, brouillant les frontières entre les genres pour la dissertation les enjeux du parcours– Festen de Thomas Vinterberg, 1998Helge, père de famille danois, fête ses soixante ans. À cette occasion, il invite toute sa famille pour une grande célébration. Son fils aîné, qui a fait sa vie à Paris et dont la sœur jumelle s'est suicidée des années auparavant, revient spécialement et prononce un discours en l'honneur de son père, que tous attendent avec impatience. Il y révèle devant l'assemblée que son père les a violés, lui et sa sœur, durant leur enfance, et qu'il est temps qu'il rende des points communs avec la pièce de Lagarce sont nombreux on retrouve le retour d'un membre de la famille venu dans l'intention d'apporter une nouvelle qui va en bouleverser l'équilibre. Le protagoniste est lui aussi blessé et traumatisé par ce qu'il vient annoncer et sait qu'il va devoir faire face à des réactions hostiles. La crise est donc personnelle, mais aussi familiale elle implique les autres, et le récit va s'attacher à décrire l'interaction entre un individu et le groupe auquel il appartient, et qui a tendance à faire bloc contre différence réside dans le mobile de cette nouvelle chez Lagarce, Louis doit annoncer sa maladie et sa mort prochaine. Chez Vinterberg, Christian va détruire la famille en dévoilant les crimes du père. Pourtant, le traitement est assez similaire est surtout décrite la manière dont le groupe réagit, et s'organise presque inconsciemment pour rejeter celui qui se distingue. Christian et Louis sont en effet tous les deux des électrons libres, qui ont fait leur vie ailleurs, pour se protéger d'une cellule qu'ils jugent toxique. Lagarce et Vinterberg veulent tous les deux disséquer son fonctionnement, et la manière dont une hystérie collective peut se mettre en place pour empêcher le rebelle de parler, pour le discréditer ou l' question de la famille rejoint les thématiques universelles de la tragédie on le voit dans le rapport au père, mais aussi dans la rivalité entre les frères, qui existe aussi bien chez le dramaturge que le cinéaste entre jalousie et convoitise du statut du fils préféré, les liens fraternels se nouent toujours avec agressivité et maladresse, empêchant une réelle communication. Le lien à la mère, enfermée dans un rôle qu'elle a écrit au fil des années, est également similaire incapable de voir les êtres changer autour d'elle, convaincue de la légende dans laquelle elle a figé sa famille, elle est celle qui, malgré des sentiments sincères, oppose le plus de résistance à la présence de celui qui voudrait parler, révéler et assainir les le plan esthétique, la différence entre théâtre et cinéma est particulièrement intéressante le monologue prédomine chez Lagarce, et une réflexion sur la langue et sa capacité à dire juste est une des thématiques essentielles de la pièce. Vinterberg a quant à lui opté pour une esthétique très particulière, issue du Dogme95, dans laquelle l'authenticité la plus grande est requise plans-séquences, caméra à l'épaule, cris, interruptions et interactions violentes donnent à l'œuvre une force fondée sur la spontanéité.– Serre-moi fort de Mathieu Amalric, 2021Ce film est adapté d 'une pièce de théâtre qui n 'a jamais été représentée sur scène. Les premières séquences montrent une mère de famille quittant discrètement la maison au petit matin et s 'enfuyant en voiture vers la mer. On voit, en parallèle, la vie de ceux qui restent — son mari, sa fille, son fils —, et qui vont devoir apprendre à vivre avec son absence. Mais le récit fragmentaire va progressivement révéler des vérités bien cellule familiale évoquée ici est plus jeune que chez Lagarce les enfants y ont encore toute leur innocence, et les séquences qui leur sont consacrées dressent le portrait d'un bonheur simple et quotidien, entre repas, retour de l'école, jeux et partage. Mais la crise n'est pas moins présente. Mathieu Amalric montre, du point de vue de la mère qui s'absente, ce à quoi elle n'a plus droit, sans qu'on sache dans un premier temps la raison pour laquelle elle se prive de vivre auprès d'eux, alors qu'elle passe visiblement son temps à penser à eux. Sa crise personnelle est une sorte d'odyssée en dehors de la maison familiale, un road movie qui lui fait expérimenter une solitude qu'elle ne connaissait plus. Mais le montage la ramène sans cesse aux siens, qu'elle ne parvient pas à oublier.[Avertissement si vous comptez voir le film, ne lisez les lignes suivantes qu'après le visionnage, qui serait gâché par les révélations qu'elles contiennent.] La construction non linéaire du récit nous apprendra progressivement la vérité en réalité, la famille a disparu dans une avalanche, et la mère doit attendre la fonte des glaces pour récupérer les corps. Durant cette période de flottement, elle parcourt la région autour de chez elle, et s'invente une fugue en imaginant les siens continuer à vivre, ce qui lui rend plus supportable le deuil auquel elle va devoir immanquablement se confronter. La crise est donc surtout personnelle la mère voit subitement tout son univers disparaître et doit composer avec la plus terrible des douleurs. En écrivant la vie de son mari, sa fille et son fils, elle construit la crise familiale qui pourrait résulter de son départ une façon, pour elle, de se consoler de sa perte en pensant à quel point elle pourrait aussi manquer à ceux qui ne sont plus là pour la Corpus crise personnelle, crise familialeTragédie et familleDans la tragédie, le héros ou l'héroïne tente vainement d'échapper à une malédiction familiale. Ainsi, l'histoire des grandes familles tragiques de la mythologie gréco-romaine que sont les Atrides Agamemnon, Ménélas, Clytemnestre, Iphigénie, Oreste et Électre et les Labdacides Œdipe, Jocaste, Étéocle et Polynice, Antigone, Ismène ont inspiré les trois grands auteurs tragiques grecs, Eschyle, Sophocle et Euripide. Eschyle s'intéresse aux Labdacides dans Les Sept contre Thèbes et aux Atrides dans l'Orestie. Sophocle consacre trois pièces aux Labdacides, Antigone, Œdipe roi, Œdipe à Colone et une aux Atrides, Électre. Euripide quant à lui s'intéresse aux Atrides avec Électre, Oreste, Iphigénie en Tauride et Iphigénie à Aulis. La tragédie explique le destin funeste du héros ou de l'héroïne tragique par leur ascendance ils sont condamnés à expier malgré eux des crimes commis par leurs ancêtres, comme Phèdre encore, protagoniste des pièces de Sénèque et de fratricidesSujet à la fois mythologique Romulus et Rémus et biblique Caïn et Abel, la lutte entre deux frères a souvent été représentée sur scène. Le combat entre Étéocle et Polynice, les fils d'Œdipe, a par exemple inspiré Eschyle Les Sept contre Thèbes d'Eschyle et Racine La Thébaïde. C'est encore ce thème qui intéresse Racine dans sa tragédie Britannicus qui met en scène l'assassinat de Britannicus par son frère et familleLa comédie est elle aussi fondée sur des histoires de famille mais, par définition, plus légère. Le mariage en est la grande affaire et il s'agit pour le héros ou l'héroïne d'échapper à un mariage d'affaires conclu par son père ou sa mère afin d'épouser l'élue de son cœur et fonder sa propre famille. La comédie se plaît alors à croquer les membres de la famille en types » souvent hérités de la commedia dell'arte la grand-mère parangon de morale chrétienne, le père avare ou hypocondriaque, la belle-mère vénale, la jeune fille innocente, le fils naïf, etc. On retrouve ces personnages dans différentes pièces de Molière comme L'École des femmes, Tartuffe, Le Médecin malgré lui, Le Malade imaginaire, etc. Dans la comédie comme dans la tragédie, le héros ou l'héroïne tentent d'échapper à l'emprise sœurs, cinq sœursDans le théâtre du xxe siècle, le personnage de la sœur représente souvent le type de la femme qui n'a pas réussi à vivre sa vie, déchirée entre aspirations personnelles et fidélité à l'ordre familial dont elle finit par rester prisonnière. Plusieurs auteurs se sont plu à mettre en scène des fratries uniquement composées de sœurs qui attendent indéfiniment dans leur maison que quelque chose arrive, comme Tchekhov avec Les Trois Sœurs, García Lorca avec La Maison de Bernarda Alba et Lagarce avec J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie pour l'oral– Juste la fin du monde de Xavier Dolan, 2016L'adaptation de la pièce de Lagarce par Xavier Dolan peut bien évidemment être évoquée lors de l'oral. Il sera alors important d'en mentionner les spécificités et de montrer dans quelle mesure on peut la considérer comme un prolongement du texte. Pour cela, prévoir une comparaison entre une captation de la pièce et la version qu'en propose le choix divergents ont été faits par rapport à la pièce le texte est légèrement remanié, il n'y a pas d'épilogue. De la même manière, l'ajout de flash-back permet quelques échappées hors du présent, ainsi que la matérialisation à l'image de souvenirs d'un temps perdu pour Louis, lors de séquences très lyriques. Le langage cinématographique pourra lui aussi faire l'objet de certaines remarques. Xavier Dolan, par l'usage d'objectifs à longues focales, fait le point sur des visages et isole le reste du décor, voire des autres personnages à proximité, qui resteront flous. Cela crée un effet étouffant qui permet de souligner l'incommunicabilité entre les êtres, qui ne partagent que rarement la même zone de netteté. C'est aussi une façon de rendre invisible le lieu où se déroule l'action la mention Quelque part, il y a quelque temps déjà » ouvre le film, pour faire de cette famille un groupe universel, qui renvoie à des thématiques explorées depuis l'Antiquité et l'invention de la la question de la tonalité est cruciale dans le film. Fidèle à son cinéma voir à ce titre le très émouvant Mommy, sorti en 2014, traitant de la relation complexe d'un adolescent atteint de troubles du comportement avec sa mère et une voisine, Xavier Dolan explore tous les ressorts du lyrisme et du registre pathétique. Confinés dans un espace exigu qui exacerbe les passions, les membres de la famille s'affrontent, crient, pleurent, se déchirent, permettant aux comédiens des performances extrêmes, mais s'éloignant assez de la sobriété et de l'intimité construites par Lagarce. Cette différence sera à présenter pour attester d'une bonne connaissance du texte original, et des spécificités de l'adaptation cinématographique.– La vie est belle de Frank Capra, 1946La question de la crise personnelle est donc ici évidente c'est celle d'un homme arrivé au bout de tout espoir et ne trouvant plus de solution à sa situation. À la différence de bien des exemples proposés, le motif est ici exclusivement économique si George souhaite en finir, c'est parce qu'un de ses employés a égaré une importante somme d'argent, et que tout le projet qu'il avait mis en place pour permettre aux plus déshérités d'accéder à un logement est sur le point de s'effondrer. George est une sorte de saint, un homme moral, intègre et débordant d'initiative comme on en voit beaucoup dans le cinéma de Capra, et souvent incarné par le même comédien, James Stewart. Il est dévoué à sa communauté et sa famille, mais assailli par la figure du mal, Mr Potter, qui représente tout ce que le capitalisme peut avoir de violent et d'indifférent. La crise familiale est très courte dans un film qui s'attache surtout à montrer la manière dont la cellule s'est construite dans une certaine précarité, mais avec un amour et une rage de vivre lumineuse. Peu avant sa tentative de suicide, George, accablé par la perte de l'argent, rentre chez lui, dans une demeure en pleins préparatifs de la veille de Noël, et passe sa frustration sur ses proches son épouse et ses enfants qui ignorent tout de ses problèmes. Une scène terrible qui dissèque en quelques minutes les origines du mal en ce qui concerne l'équilibre d'une famille, et la manière dont les contrariétés liées à un domaine extérieur ici, professionnel et économique peuvent avoir des conséquences collatérales sur d'autres individus, généralement fragiles et innocents. Le dénouement de ce film présenté comme un conte, puisque les anges y interviennent, tend donc à souligner l'indispensable valeur qu'est la cellule familiale et, d'une manière plus générale, le dévouement de l'individu à la collectivité. L'ange venu aider George répond à son désir de n'avoir jamais existé et lui présente un monde qui n'aurait pas pu bénéficier de sa présence, pour lui révéler à quel point son apport a été indispensable aux autres. La crise personnelle se résout par la prise de conscience de sa valeur au regard des autres sa famille, et sa communauté, avant le grand chant collectif de Noël en guise de références sur la famille au cinéma– Une affaire de famille de Hirokazu Kore-eda, 2018Portrait d'une famille pauvre dans le Japon contemporain, qui, en dépit de ses larcins comme le vol à l'étalage, parvient à construire bonheur et solidarité dans l'adversité. Palme d'or à Cannes en 2018.– La Famille Tenenbaum de Wes Anderson, 2001Portrait atypique, insolite et poétique d'une famille dans laquelle la mère élève ses enfants pour en faire des génies de la finance, du théâtre et du tennis. Cette comédie porte tout le charme de l'esthétique unique de son réalisateur.– Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier, 1984Autre variation sur un dimanche de réunion de famille, celle-ci se situant en 1912. Deux enfants déjà adultes viennent rendre visite à leur père, qu'ils n'écoutent plus vraiment, alors que celui-ci est sur le point de mourir.

juste la fin du monde antoine analyse